Pascal

 

 

Tu voyais sous tes pas un gouffre se creuser

Qu’élargissaient sans fin le doute et l’ironie ;

Et, penché sur cette ombre, en ta longue insomnie,

Tu sentais un frisson mortel te traverser.

 

À l’abîme vorace, alors, sans balancer,

Tu jetas ton grand cœur brisé, ta chair punie,

Te rebelle raison, ta gloire et ton génie,

Et la douceur de vivre et l’orgueil de penser.

 

Ayant de tes débris comblé le précipice,

Ivre de ton sublime et sanglant sacrifice,

Tu plantes une croix sur ce vaste tombeau.

 

Mais sous l’entassement des ruines vivantes

L’abîme se rouvrait, et, prise d’épouvantes,

La croix du Rédempteur tremblait comme un roseau.

 

 

 

Paul HAREL, Les Médaillons.

 

 

 

 

 

 

 

 

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