Sonnet à Nelligan

 

 

Ne chante plus, Gretchen, pour calmer ses névroses :

Plus il ne rêvera de l’heureux temps jadis

Où bel adolescent créateur d’oasis

Il effeuilla sa vie en pétales de roses.

 

Voici que par un soir de novembre morose,

Son cœur retentissant de sanglots assourdis

A cessé de souffrir et les vers déjà dits

Ne firent plus d’écho dedans son âme close.

 

Or, loin du monde vil, par ce mystique soir,

Ainsi qu’un pèlerin tiré d’un songe noir,

Il put s’acheminer vers l’éternelle Athènes.

 

Comme pour Baudelaire exorcisant le sort

Précieuse et luisant au delà de la mort,

Sa gloire est incrustée en ses rimes hautaines.

 

 

 

Gilles HÉNAULT.

 

Paru dans La Nouvelle Relève

en janvier 1942.

 

 

 

 

 

 

 

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