Malaguena

 

 

Du temps d’Hérode, en Palestine,

Les Saintes Femmes, au tombeau,

Dans un linceul de toile fine

Portaient le Christ inerte et beau.

 

C’était l’une et l’autre Marie

Qui sur le cadavre embaumé

Pleuraient à larme non tarie

En invoquant le Bien-Aimé;

 

Et – c’est parole d’Évangile –

Jésus touché de tant d’amour,

Soulevant la pierre fragile,

Est ressuscité le tiers jour.

 

Comme on fait d’une bête morte,

Auprès de ton judas grillé

J’ai cloué mon cœur sur ta porte ;

Le seuil est noir de sang caillé.

 

Oh ! qu’il bat fort ta porte rose

Ce marteau vif et pantelant !...

Ta porte rouge reste close.

Il bat moins fort... il bat plus lent...

 

Mon cœur se meurt tant il est triste,

Mon cœur est mort, las d’être seul ;

Dans ta chemise de batiste

Il faut tailler un fin linceul.

 

Sur mon cœur mort, à larme vive

Pleureras-tu, Carmencita ?

Afin que notre amour revive

Comme Jésus ressuscita !

 

 

 

José Maria de HEREDIA.

 

Paru dans La Renaissance latine en 1902.

 

 

 

 

 

 

 

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