Psaume de Triomphe

 

 

Plus offerte que la mer à l’aspiration du soleil – plus prompte qu’un amour au dessaisissement,

Nous chanterons la Femme précipitée au-delà de nos brumes – restituée à sa source au terme de l’accomplissement.

L’Arbre du Bien et du Mal calciné par la foudre blanche – le voici rendu à la vie, à l’honneur de sa naissance,

Refleurissant au Jardin primitif après avoir enserré la Manne – Salut essence précieuse ! Salut Arche d’Alliance !

La chair inguérissable arrachée enfin à la fièvre des marécages – la voici exaltée dans la splendeur du Fruit et du Rayon.

Nous avons pleuré l’aïeule agenouillée dans les replis de sa faute – mais nous sommes votre lignage vainqueur, Entrailles de la Régénération !

 

Étoile des champs de Moab, Astre surgi de Jacob – rejoignez le zénith inaccessible !

Flèche élue au carquois de l’Exterminateur – contre Séir et le reste d’Édom et les fils du tumulte – Vous êtes de nouveau en Sa main pour le triomphe de l’Invincible.

 

Première enfance de la feuille échappée à l’étau de l’hiver – Épanouissement vivace de la flamme parmi le peuple des roseaux et des sarments...

Quel autre appel désormais pour nous et quel autre sillage – sinon cette Aile initiatrice devant nous qui émigre au Firmament ?

 

 

 

Henry de JULLIOT.

 

Recueilli dans Notre-Dame des poètes,

anthologie réunie et présentée par Joseph Barbier

(Robert Morel éditeur, 1966).

 

 

 

 

 

 

 

 

 

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