Quand le Seigneur était sur terre

 

 

Quand le Seigneur était sur terre,

Toute chose s’est réjouie ;

Toute chose grande ou menue,

Voulait bien sûr être bénie.

 

La créature en sa misère,

L’homme dans le chagrin et la mort,

Large fleuve, vase pays,

Sentaient sa généreuse main.

 

La grenouille cesse de coasser,

Le chien fait halte en sa course,

La pluie n’aurait bien pas plu,

Tant que Dieu ne l’eût point bénie.

 

La haute tour s’est inclinée,

Et l’antilope s’est montrée,

Et le lierre, les verts pâturages

L’ont reconnu et l’ont chanté.

 

De toute espèce l’homme seul est

Tombé en opprobre et péché ;

S’il n’avait Dieu si souvent méconnu,

Il irait encore parmi nous.

 

S’il n’avait si souvent lapidé Dieu,

Nous serions aujourd’hui encore unis à lui.

La terre serait le royaume des cieux

Et tout homme serait comme un ange.

 

 

 

KLABUND.

 

Recueilli dans Anthologie bilingue

de la poésie allemande,

Gallimard, 1993.

 

 

 

 

 

 

 

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