La Madone de Fra Angelico

 

                                                          À Emile Guéret.

 

Sur son voile brillait une auréole sainte.

L’ébauche grandissait sur la fresque au fond d’or.

Mais le moine pieux désespérait encor

De trouver pour son œuvre une sublime teinte.

 

À travers les vitraux, lumière presque éteinte,

Un rayon reposait sur un Christ au Thabor.

Et lorsque la nuit vint assombrir le décor,

« Fra » baisa la madone en une chaude étreinte.

 

Dans l’extase du saint le sommeil arriva ;

Et, tandis qu’il dormait, l’humble peintre rêva

Qu’un ange retouchait son œuvre inachevée.

 

Or, la Vierge, au matin, fraîche comme une fleur,

Resplendissait au sein d’une ardente couleur,

Que jamais depuis lors nul autre n’a trouvée.

 

 

 

Henry de LA GUICHARDIÈRE.

 

Paru dans L’Année des poètes en 1896.

 

 

 

 

 

 

 

 

 

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