VOUS NE POUVEZ CONNAÎTRE...

 

 

Ah ! vous ne pouvez pas connaître

Tout ce que souffre votre enfant.

Songez ! personne, pas un être

Ne l’accompagne et le défend !

 

Contre quoi ? Contre cette peine,

– Mais, Seigneur ! vous le savez bien ! –

Cette peine quotidienne

Faite de tout, faite de rien.

 

La peine de ne pas comprendre,

Celle de n’être pas compris,

Et celle de toujours attendre

Les mots qui ne sont jamais dits.

 

Est-ce que votre main la donne

Sur les fronts les plus soucieux,

Étroite et tragique couronne

À ceux que vous aimez le mieux ?

 

Mais voyez aussi ma détresse :

Et qu’aujourd’hui comme demain,

Mon front qui saigne reconnaisse

Le vent léger de votre main.

 

 

Louis LEFEBVRE.

 

Paru dans La Muse française en 1922.

 

 

 

 

 

 

 

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