Notre-Dame de Bonté

 

 

Accepteras-tu, Marie,

Un pécheur pour t’exalter,

Quand le lys de la prairie

Ose à peine te chanter !

Certes, mon cœur est coupable

D’avoir bâti sur le sable,

En se détachant de Toi !

Ce pauvre cœur sans patrie

Le reprendras-tu, Marie,

S’il te rend toute sa Foi ?

 

Qui pourra calmer la peine

Où je languis ici-bas ;

Quelle Beauté, quelle Reine,

Par d’incroyables appâts,

Sauraient asservir une âme

Qui vous connut, bonne Dame !

Je sais trop qu’ils sont cruels,

Les adieux sur cette terre,

Vous ne voudrez pas, ma Mère,

Que ceux-ci soient éternels !

 

Jadis mon âme ravie,

Attentive au moindre écart,

Là-Haut sentait une amie

Qui la suivait du regard ;

Ô douceur de sa caresse

Qui me recherchait sans cesse

À travers joies et malheurs !

En entendant parler d’Elle,

Mon triste cœur infidèle

Alors se fondait en pleurs !

 

Ah, pour revoir ce sourire

Qui rayonnait sur mes jours,

Ces yeux où je pouvais lire

Tant d’ineffables amours,

Je donnerais mille vies

Dans de vains plaisirs salies !

Ô ma Dame de Bonté,

Daignez recevoir l’hommage

D’un mauvais qui se fait sage

En désirant vous chanter !

 

 

 

Pierre LESTIENNE,

Les étincelles du foyer.

 

Recueilli dans Rosa mystica :

Les poètes de la Vierge,

du XVe au XXe siècle, s. d.

 

 

 

 

 

 

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