À l’inoubliée

 

                                       Lacrymosa dies illa...

                    Oh ! l’amour d’une mère, amour que nul n’oublie...

                                                                 VICTOR HUGO.

 

 

Âme aimante, âme aimée, ô toi qui fus ma mère,

Dieu ne permet donc pas à ses plus chers élus,

Quand le livre s’est clos sur la page éphémère,

De relire, un seul jour, l’un des mots déjà lus ?

 

Tu sais si ton image est relique ou chimère,

Si le flot de l’oubli l’a roulée en son flux,

Si la source des pleurs coule, hélas ! moins amère,

Du cœur vivant qui bat vers le cœur qui n’est plus !

 

C’est fête au noir jardin, j’ai fleuri ta demeure ;

L’Éternel ne peut-il te donner même une heure ?

Viens, ton fils te supplie... Oh ! non, reste plutôt...

 

Car tu l’aimas, ce fils, d’une amour si profonde,

Que, s’il fallait sans lui quitter encor ce monde,

Les lys auraient pour toi moins de parfums... là-haut !

 

 

 

Stéphen LIÉGARD.

 

Paru dans L’Année des poètes en 1895.

 

 

 

 

 

 

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