Paraphrase du psaume CXLV

 

 

N’espérons plus, mon âme, aux promesses du monde ;

Sa lumière est un verre, et sa faveur une onde

Que toujours quelque vent empêche de calmer.

Quittons ces vanités, lassons-nous de les suivre :

          C’est Dieu qui nous fait vivre,

          C’est Dieu qu’il faut aimer.

 

En vain, pour satisfaire à nos lâches envies,

Nous passons près des rois tout le temps de nos vies

À souffrir des mépris et ployer les genoux :

Ce qu’ils peuvent n’est rien ; ils sont, comme nous sommes,

          Véritablement hommes

          Et meurent comme nous.

 

Ont-ils rendu l’esprit, ce n’est plus que poussière

Que cette majesté si pompeuse et si fière

Dont l’éclat orgueilleux étonnait l’univers ;

Et, dans ces grands tombeaux où leurs âmes hautaines

          Font encore les vaines,

          Ils sont mangés des vers.

 

Là se perdent ces noms de maîtres de la terre,

D’arbitres de la paix, de foudres de la guerre ;

Comme ils n’ont plus de sceptre, ils n’ont plus de flatteurs ;

Et tombent avec eux d’une chute commune

          Tous ceux que leur fortune

          Faisait leurs serviteurs.

 

 

 

François de MALHERBE.

 

Recueilli dans Poètes de Jésus-Christ,

poésies rassemblées par André Mabille de Poncheville,

Bruges, Librairie de l’Œuvre Saint-Charles, 1937.

 

 

 

 

 

 

 

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