La Sainte Maison d’Éphèse

 

 

Sur le plateau sacré des montagnes d’Éphèse

Qui contemplent Samos et l’horizon marin,

Les frais parfums du soir et le jour qui s’apaise

Accueillent lentement mes pas de pèlerin.

 

C’est là que vous viviez, Notre Dame Marie,

C’est là, près de Saint Jean, que vos yeux se sont clos,

Dans l’instant de sommeil où la mort asservie

Ne pourrait vous garder que pour un court repos.

 

C’est là : vous conserviez, au plus pur de votre âme,

Le vivant souvenir de ces jours éternels

Qui vous avaient donné cet enfant de la femme

Où Dieu venait s’enclore en nos destins charnels.

 

Ce n’était pas l’exil, mais un ciel qui commence,

Et je crois retrouver l’indicible splendeur

Qui portait avec vous la divine présence,

Quand les matins chantaient la Mère du Seigneur !

 

Vous avez attendu, sur la montagne austère,

Devant ces flots légers embaumés de soleil,

Vous, la reine des cieux, la fille de la terre,

Vous avez attendu votre immense réveil.

 

Et tous les cieux penchés vers votre humble demeure

Espéraient cette aurore où vous seriez chez vous :

Le ciel n’a pas de temps, mais il guettait votre heure,

Et je voudrais, ce soir, la revivre à genoux.

 

C’est là : puisqu’il faut bien que tous les fils de l’homme

Commencent par la mort l’unique éternité,

Quel que soit, parmi nous, le nom dont on le nomme,

C’était le vrai passage où monterait l’été.

 

Je ne suis qu’un pécheur sur les routes du monde,

Mais, pour avoir aimé votre antique maison,

J’ai touché cette gloire où tout espoir se fonde,

Et je sais que j’irai vers votre Assomption !...

 

 

 

Jean-Abel MARCHAND.

 

Paru dans la revue Marie

en janvier-février 1956.

 

 

 

 

 

 

 

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