Les larmes de la Vierge

 

 

LES larmes de la Vierge nous font prier au bord du même mystère que les larmes du Seigneur : l’impuissance de l’Être incréé devant sa créature, – cet amour infini et pourtant désarmé. Nous sommes libres de refuser, nous sommes libres de dire non... Mais qui donc désigne ce « nous » ? Ce ne saurait être la foule immense des « bourreaux qui ne savent pas ce qu’ils font ». Ils ne connaissent pas cet inimaginable amour. Comment donc le refuseraient-ils ?

Jésus pleure et la Vierge pleure pour ceux qui les connaissaient et qui ne les ont pas reçus, sur les fidèles, prêtres et laïcs ; il faudrait oser dire  : sur les fidèles infidèles. À nous qui avons vu les miracles, non pas ceux de Capharnaüm et de Bethsaïde, mais les merveilles de la grâce en nous, que de fois cela a été donné au long de nos pauvres vies tourmentées, de connaître combien le Seigneur est doux ! Et pourtant que de fois nous avons refusé la lumière ! À La Salette, Marie pleure sur le refus de ceux qui savent ce qu’ils font ; elle pleure sur le jeune homme riche qui s’éloigne triste à cause de ses grands biens.

Le propre de l’amour est de savoir être trahi. Ce ne sont pas les ennemis, ce sont les amis qui trahissent.

 

 

François MAURIAC.

 

Paru dans la revue Marie

en mai-juin-juillet 1951.

 

 

 

 

 

 

 

 

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