La cathédrale

 

À Monsieur Gabriel Soulié.

 

 

La ville archiépiscopale

Dresse dans la splendeur du soir,

Ainsi qu’un immense ostensoir,

La masse de sa cathédrale.

 

Sur le ciel de pourpre paré

L’on voit la pourpre de la brique

S’élever, riche et magnifique,

Dans un élan désespéré.

 

La cathédrale tutélaire

Plane au-dessus de la cité

Comme un pont qui serait jeté

Des rives du ciel sur la terre.

 

C’est l’arche de l’éternité ;

C’est un navire dont les rames

Mènent une cargaison d’âmes

Au Dieu d’amour et de bonté.

 

C’est l’élan d’une ville entière

Qui veut se hausser jusqu’à Dieu

Et fait monter de ce haut lieu

Vers Lui son ardente prière.

 

C’est le casque au noble cimier

Dont se pare Albi l’hérétique,

À la carapace de brique

Flamboyante comme un brasier.

 

C’est l’héritage de nos pères,

Notre orgueil et notre fierté,

Qui faillit bien être emporté

Par les flots révolutionnaires.

 

De ce monument compassé

À l’architecture guerrière

Jaillit une beauté sévère,

Fleur enivrante du passé.

 

Symbole de la permanence,

Cathédrale aux fougueux élans,

Les Albigeois, au fil des ans,

En toi puisent leur espérance.

 

 

 

Henri MAYNARD.

 

Recueilli dans : Maurice Delorme, Le Blason des Poètes,

Anthologie du Syndicat des Journalistes et Écrivains,

Éditions de la Revue moderne, 1965.

 

 

 

 

 

 

 

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