La vie est un grand bien

 

 

La vie est un grand bien, mais ce bien me tourmente ;

Ma vieillesse m’accable, et je crains de guérir ;

Oh ! que j’ai de plaisir quand ma faiblesse augmente,

Puisqu’elle m’avertit qu’il est temps de mourir.

 

Les maux que je ressens, et qui me font la guerre,

Depuis que ma jeunesse a terminé son cours,

M’ont si bien détaché des objets de la terre

Que je voudrais hâter la fuite de mes jours.

 

Quelque effroi que la mort porte sur son visage,

Je veux en l’affrontant montrer que mon courage

N’est pas un ennemi qu’elle puisse ébranler.

 

Mais que dis-je, ennemi ? je suis amoureux d’elle :

Sans passer dans la tombe on ne saurait aller

À la belle demeure où la foi nous appelle.

 

 

 

François MAYNARD, la veille de sa mort.

 

Recueilli dans

Anthologie de la poésie catholique

de Villon jusqu’à nos jours,

publiée et annoté par

Robert Vallery-Radot,

1919.

 

 

 

 

 

 

 

 

 

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