L’Assomption

 

 

                   Quæ est ista quæ progreditur

                   Quasi aurora consurgens ?...

 

 

Il s’est fait un profond silence dans les cieux ;

Et voici se lever une aube immense, telle

Que jamais horizon de la vie éternelle

Ne vit s’épanouir matin si radieux.

 

Cette suave aurore émerveille les anges :

Elle ne jaillit pas des célestes hauteurs

D’où la face de Dieu dévoile ses splendeurs

Et verse les torrents du bonheur sans mélange.

 

Cette fraîche clarté, cette lumière d’or,

Dont les mystérieux sommets du ciel frémissent,

Ô prodige ! elle vient de la sphère où gémissent

Les captifs de la chair, du mal et de la mort !

 

Elle vient de la terre, et cette aube est humaine !

Pourtant, elle est joyeuse et pure, infiniment ;

Les fleurs du paradis sont dans l’étonnement

Des parfums inconnus qu’exhale son haleine.

 

Et parmi les neuf chœurs, un long murmure court :

« Quelle est Celle qui vient que la lumière escorte

Et devant qui l’Époux a fait ouvrir sa porte,

Et qu’il veut faire asseoir au trône de l’amour ?

 

« Quelle est Celle qui vient, douce comme la myrrhe,

Belle comme la lune au-dessus de la mer ?

Quelle est Celle qui monte aux confins du désert,

Appuyée à Celui qui l’aime et la respire ! »

 

Et comme on voit la lune au-dessus de la mer,

Elle apparut, debout sur un océan d’ailes,

Matutinale, éblouissante et toute belle,

L’Immaculée en qui le Verbe s’est fait chair.

 

 

 

Louis MERCIER,

Virginis Corona.

 

Recueilli dans Rosa mystica :

Les poètes de la Vierge,

du XVe au XXe siècle, s. d.

 

 

 

 

 

 

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