La nativité de Marie

 

 

Huit septembre. Les champs gardent un grand silence ;

Le jour, comme un beau fruit, se dore en mûrissant ;

La terre est sérieuse, et l’on voit qu’elle pense.

 

L’heure est d’un charme austère, et l’été finissant

Sourit sans amertume au déclin de sa vie ;

Ayant nourri les blés du plus pur de son sang,

 

Comme un sage ouvrier dont la tâche est finie,

Il voit venir la mort sans alarme, certain

Que l’œuvre qu’il a faite est une œuvre bénie.

 

L’automne achèvera de mûrir le raisin,

Mais c’est son allégresse, et sa force, et son âme

Qui se retrouveront dans la splendeur du vin.

 

Ce jour tranquille et clair s’accorde, ô Notre-Dame,

Au souvenir heureux dont nous le consacrons :

Il vous vit naître; il vit éclore l’humble flamme

 

Dont la terre et les cieux un jour s’éclaireront ;

Il fit s’épanouir l’exquise fleur humaine

À qui les maux humains ne feront nul affront.

 

Nous vous offrons ce jour, sa lumière sereine,

Son beau silence, et le soleil fécond et doux

Qui réjouit la vigne et se coule en ses veines.

 

Et puisque le Seigneur doit faire aussi de Vous

La Vigne merveilleuse où le Raisin de Vie

Mûrira le vin pur dont les Saints boiront tous,

 

Pour parer le berceau qui vous reçoit, Marie,

Et charmer vos regards d’un hochet digne d’eux,

Souffrez que notre main pieuse vous dédie

 

Ce pampre vert chargé d’un raisin lumineux.

 

 

 

Louis MERCIER, Les pierres sacrées.

 

 

 

 

 

 

 

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