À un berceau
Nid fragile où repose en respirant à peine
Le nouveau-né, joyau serti de chants d’amour,
Sous le chaume indigent, dans le riche domaine,
Les parents, les amis, t’admirent tour à tour.
Oui, plus que les baisers, tu resserres la chaîne
Que l’anneau nuptial a rivée en un jour
Où deux êtres, remplis d’allégresse sereine,
Ont juré devant Dieu des serments sans retour.
La lutte pour la vie est aujourd’hui cruelle ;
À combien de labeurs le succès est rebelle !
Et souvent l’injustice, ou le déboire, abat.
Seul, tu sais, ô berceau, raviver l’espérance,
Chasser les noirs pensers, fils de la défaillance,
Car sous tes rideaux blancs c’est notre cœur qui bat.
Léon MIGNE.
Paru dans L’Année des poètes en 1895.