Tout là-haut

 

 

Digne ecclésiastique, austère et solennel :

Il fallait, disait-il, à l’époque où nous sommes,

Pour vivre près de Dieu, se tenir loin des hommes,

Et ne point profaner le message éternel.

Aussi, fuyant la foule où l’on chante, où l’on pleure,

Dans le clocher plein d’ombre il faisait sa demeure.

 

Comme un léger brouillard se forme au flanc des monts,

Se condense en nuage et crève sur la plaine,

Ainsi, sur un troupeau qui l’écoutait à peine,

Pleuvaient, dimanche après dimanche, deux sermons ;

Cela fait, l’éminent successeur des apôtres

Dans son clocher désert en préparait deux autres.

 

Vieillissant, fatigué de ce monde maudit,

« Seigneur ! s’écria-t-il, c’est toi que je réclame !

« Oh ! fais sentir enfin ta présence à mon âme !... »

Une voix, qui semblait monter, lui répondit :

« Je t’attends... hâte-toi... le flot des jours s’écoule...

– Où donc es-tu, Seigneur ?

 

                                              – Ici, parmi la foule. »

 

 

 

Théodore MONOD.

 

Paru dans L’Année des poètes en 1893.

 

 

 

 

 

 

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