La réponse du crucifix

 

 

En expirant sur l'arbre affreux du Golgotha,

De quel regret ton âme, ô Christ, fut-elle pleine ?

Était-ce de laisser Marie et Madeleine

Et les autres, au roc où la Croix se planta ?

 

Quand le funèbre chœur sans Toi se lamenta,

Et que les clous crispaient tes mains ; quand, par la plaine,

Ton âme eut dispersé la fleur de son haleine,

Devançant ton essor vers le céleste État ;

 

Quel fut ce grand soupir de tristesse infinie

Qui s'exhala de Toi lorsque, l'œuvre finie,

Tu t'apprêtais enfin à regagner le But ?

 

Me dévoileras-tu cet intime mystère ?

– Ce fut de ne pouvoir, jeune homme, le fiel bu,

Serrer contre mon cœur mes bourreaux sur la Terre !

 

 

 

Émile NELLIGAN.

 

 

 

 

 

 

 

 

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