Le vieux grand-père

 

 

Tout chauve et portant barbe blanche,

Le grand-père est assis.

Sa tasse avec du pain et de l’eau

Sont posés devant lui.

Le front ridé, blanc comme neige,

Et les traits ravagés,

Il a connu bien des tristesses

Tout au long de son siècle.

Tout passe ; et ses forces ont fui,

Et son regard s’émousse.

Et la mort a mis au tombeau

Enfants, petits enfants.

Avec lui, dans l’izba perdue

Seul un chat vit encore,

Vieux aussi, dormant tout le jour,

Ne quittant plus le poêle.

Il vit de peu, le vieux, tressant

Puis vendant ses sandales.

Cela lui suffit. Son plaisir

C’est d’aller à l’église.

Vers le mur, non loin de l’entrée

Il se tient, ahanant,

Louant de nos maux le Bon Dieu,

Lui, l’enfant du Bon Dieu,

Content de vivre en son coin sombre,

Quoique près de la tombe...

Où donc puises-tu cette force,

Ô pauvre vieux bonhomme ?

 

 

 

Ivan Savvitch NIKITINE.

 

 

Recueilli dans Anthologie de la poésie russe,

choix, traduction et commentaires de Jacques David,

Stock, 1947.

 

 

 

 

 

 

 

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