Fille du ciel, je te salue

 

Air : Cherchons la paix en cet asile.

 

 

                               L’ANGE

 

    Fille du ciel, je te saluë,

    C’est de la part du divin roy,

    Plus sa puissance est absoluë,

Plus ses bontés ont éclaté pour toy.

    Avant les temps il t’a connuë

Et de t’aimer il s’est fait une loy.

 

 

                                MARIE

 

    Ange du ciel, quelle nouvelle

    M’apportez-vous en ces bas lieux ?

    Quoy ! je ne suis qu’une mortelle :

Et le seigneur sur moy jette les yeux,

    Ah ! quel bonheur son choix m’appelle !

Puis-je prétendre un sort si glorieux ?

 

 

                               L’ANGE

 

    Un saint trésor remplit ton âme,

    La grâce en toy fait un effort,

    Son vif éclat, sa pure flamme,

Pour t’embellir aujourd’huy sont d’accord,

    Et l’univers n’a point de femme,

Dont le bonheur approche de ton sort.

 

 

                                MARIE

 

    Que dites-vous, quelle est ma gloire,

    Vous m’inspirez un saint effroy,

    Quand je rappelle en ma mémoire

L’indignité que je découvre en moy ;

    Mon cœur chancelle et pour vous croire,

Il a besoin de ranimer sa foy.

 

 

                               L’ANGE

 

    Ranime donc ta foy constante :

    L’être éternel doit naître un jour,

    Ce jour approche et son attente

Charme le ciel et la terre à son tour,

    Ah ! que ta gloire est éclatante,

Ton Dieu choisit ton sein pour son séjour.

 

 

                                MARIE

 

    Je dois croire à cet oracle,

    Puisque mon Dieu parle par vous.

    J’y vois pourtant un tel obstacle

Que je le prends pour le plus grand de tous,

    Par quel effort, par quel miracle,

Puis-je enfanter sans connaître d’époux ?

 

 

                               L’ANGE

 

    L’Esprit Divin sera le Père,

    De cet enfant miraculeux,

    Heureuse épouse, heureuse mère,

Ton sein rendra tout l’univers heureux

    Ne doute point de ce mystère,

À cet arrêt conforme tous tes vœux.

 

 

                                MARIE

 

    C’est un arrêt qui m’épouvante,

    J’adore un Dieu qui me chérit,

    Je reconnais sa main puissante,

Je m’abandonne à son Divin Esprit,

    Je ne suis rien que sa servante,

Qu’il me soit fait selon que tu m’as dit.

 

 

 

Simon-Joseph PELLEGRIN,

Noëls nouveaux sur les chants des Noëls anciens, troisième recueil.

 

Recueilli dans La grande et belle bible

des Noëls anciens, XVIIe et XVIIIe siècles,

par Henry Poulaille, Éditions Albin Michel, 1950.

 

 

 

 

 

 

 

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