Sonnet

 

 

Lorsque vous porteront vos frémissantes ailes

À la grille de fer du vieux champ du repos,

Entrez voir, en passant, charmants petits oiseaux,

L’humide et froid réduit des dépouilles mortelles.

 

Vous verrez, doux chanteurs des Gloires Éternelles,

Près des grands marronniers versant l’ombre aux tombeaux,

Tout au bout, sur la droite, un vieux saule en sanglots,

Et, derrière, des croix délicates et frêles.

 

C’est là que notre fils, à nos bras arraché,

Dort du dernier sommeil, et la mort a couché

Déjà sur son cercueil un autre ange, l’infâme !

 

Ô passants de l’azur, petits oiseaux si doux,

Sur les rameaux voisins, un instant posez-vous

Et puis, d’un chant discret, bercez, bercez son âme !

 

 

 

Joseph PIERSON, Les violettes.

 

Repris dans L’Année des poètes en 1895.

 

 

 

 

 

 

 

 

 

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