De nuit

 

                 La vieillesse est une voyageuse de nuit.

                                                  CHATEAUBRIAND.

 

Déjà n’éveillent plus d’inquiétude en mon cœur

Les magiques visions d’autres journées.

Ô Patrie ! ô maison ! ô mes muses sacrées !...

...Silence ! Les unes ne sont plus, les autres me renient.

 

Les branches des pommiers déjà n’inclinent plus

Pour moi leurs pourpres ambroisies ;

Et de la rumeur de lointaines allégresses

M’arrivent seulement des échos nostalgiques.

 

Dieu l’a voulu ainsi. Les plaintes, les reproches

Sont cécité. Heureux celui-là qui consulte

Des oracles situés bien plus haut que son deuil !

 

La Vieillesse est une voyageuse de nuit ;

Et c’est tandis que la terre le cache,

Que le ciel ami vient s’ouvrir à son regard.

 

 

Rafael POMBO.

 

Traduit par Claude Couffon.

 

Recueilli dans Anthologie de la poésie ibéro-américaine,

Choix, introduction et notes de Federico de Onis,

Collection UNESCO d’œuvres représentatives, 1956.

 

 

 

 

 

 

 

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