Par monts et par vaux

 

 

Le mont silencieux dresse sa tête altière

Au bord de l’horizon. Sur son faîte chenu

Je veux aller. Mes yeux, plongeant dans l’inconnu,

Verront se dérouler au loin la terre entière.

 

Holà ! les compagnons, enlevez ma litière !

Nous y voici. C’est bien. À peine parvenu,

Je vois un autre mont qui, de son sommet nu,

À l’espace borné fait une autre frontière.

 

Ainsi toujours, toujours sur des sommets nouveaux

Je n’ai vu que des monts qui limitaient des vaux,

Et n’ai pas aperçu les bornes de ce monde.

 

L’ardeur de tout savoir ne peut pas aboutir.

J’arrête désormais ma course vagabonde ;

Qu’importe de connaître ? Il suffit de sentir.

 

 

 

Claudius POPELIN.

 

Paru L’Année des poètes en 1892.