Sous le bois de la vraie croix

 

 

Beau cèdre aimé des cieux, dont l’heureuse mémoire

Ne craint point de l’oubli les rigoureuses lois,

Ne blâme point le sort qui fit mourir ton bois,

Puisque le même sort a fait naître ta gloire.

 

Celui de qui le sang sur toi fut épanché,

C’est celui dont la grâce égale la justice,

Qui souffre injustement notre juste supplice,

Et qui nous fait revivre en tuant le péché.

 

Ô non pareil ouvrier des œuvres non pareilles,

De qui tous les efforts sont autant de merveilles,

Que ton amour est grand ! que ton pouvoir est fort !

 

Mon Dieu, de quel miracle est ta bonté suivie :

Jadis un bois vivant nous apporta la mort,

Un bois mort aujourd’hui nous apporte la vie !

 

 

 

Honorat de RACAN.

 

Recueilli dans Poètes de Jésus-Christ,

poésies rassemblées par André Mabille de Poncheville,

Bruges, Librairie de l’Œuvre Saint-Charles, 1937.