<> <> <> <> <> Hymnes traduites du bréviaire




À MATINES


Tandis que le sommeil, réparant la nature,
Tient enchaînés le travail et le bruit,
Nous rompons ses liens, ô Clarté toujours pure !
Pour te louer dans la profonde nuit.

Que dès notre réveil notre voix te bénisse ;
Qu’à te chercher notre cœur empressé
T’offre ses premiers vœux ; et que par toi finisse
Le jour par toi saintement commencé.

L’astre dont la présence écarte la nuit sombre
Viendra bientôt recommencer son tour :
Ô vous, noirs ennemis qui vous glissez dans l’ombre,
Disparaissez à l’approche du jour.

Nous t’implorons, Seigneur ; tes bontés sont nos armes ;
De tout péché rends-nous purs à tes yeux ;
Fais que t’ayant chanté dans ce séjour de larmes,
Nous te chantions dans le repos des cieux.

Exauce, Père Saint, notre ardente prière,
Verbe son fils, Esprit leur nœud divin,
Dieu qui, tout éclatant de ta propre lumière,
Règnes au ciel sans principe et sans fin.




À VÊPRES


Grand Dieu, qui vis les cieux se former sans matière
                À ta voix seulement ;
Tu séparas les eaux, leur marquas pour barrière
                Le vaste firmament.

Si la voûte céleste a ses plaines liquides,
                La terre a ses ruisseaux,
Qui, contre les chaleurs, portent aux champs arides
                Le secours de leurs eaux.

Seigneur, qu’ainsi les eaux de ta grâce féconde
                Réparent nos langueurs ;
Que nos sens désormais vers les appas du monde
                N’entraînent plus nos cœurs.

Fais briller de ta foi les lumières propices
                À nos yeux éclairés :
Qu’elle arrache le voile à tous les artifices
                Des enfers conjurés.

Règne, ô Père éternel, Fils, Sagesse incréée,
                Esprit-Saint, Dieu de paix,
Qui fais changer des temps l’inconstante durée,
                Et ne changes jamais.




À LAUDES


          L’oiseau vigilant nous réveille ;
Et ses chants redoublés semblent chasser la nuit :
Jésus se fait entendre à l’âme qui sommeille,
Et l’appelle à la vie, où son jour nous conduit.

           « Quittez, dit-il, la couche oisive
Où vous ensevelit une molle langueur :
Sobres, chastes et purs, l’œil et l’âme attentive,
Veillez : je suis tout proche, et frappe à votre cœur. »

          Ouvrons donc l’œil à sa lumière,
Levons vers ce Sauveur et nos mains et nos yeux,
Pleurons et gémissons : une ardente prière
Écarte le sommeil, et pénètre les cieux.

          Ô Christ, ô soleil de justice !
De nos cœurs endurcis romps l’assoupissement ;
Dissipe l’ombre épaisse où les plonge le vice,
Et que ton divin jour y brille à tout moment !

          Gloire à toi, Trinité profonde,
Père, Fils, Esprit-Saint : qu’on t’adore toujours,
Tant que l’astre des temps éclairera le monde,
Et quand les siècles même auront fini leur cours !




À LAUDES


          L’aurore brillante et vermeille
Prépare le chemin au soleil qui la suit ;
Tout rit aux premiers traits du jour qui se réveille :
Retirez-vous, démons, qui volez dans la nuit.

          Fuyez, songes, troupe menteuse,
Dangereux ennemis par la nuit enfantés,
Et que fuie avec vous la mémoire honteuse
Des objets qu’à nos sens vous avez présentés.

          Chantons l’auteur de la lumière,
Jusqu’au jour où son ordre a marqué notre fin,
Et qu’en le bénissant, notre aurore dernière
Se perde en un midi sans soir et sans matin.

          Gloire à toi, Trinité profonde,
Père, Fils, Esprit-Saint : qu’on t’adore toujours,
Tant que l’astre des temps éclairera le monde,
Et quand les siècles même auront fini leur cours.

 

 

Jean RACINE.

Recueilli dans Poètes de Jésus-Christ,
poésies rassemblées par André Mabille de Poncheville,
Bruges, Librairie de l’Oeuvre Saint-Charles, 1937.

 

 

 

 

 

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