Les pauvres

 

 

Dans les rigueurs d’une saison pénible,

Du malheureux, riches, soyez l’appui,

Votre mollesse au moindre mal sensible

Demain, peut-être, aura besoin de lui ?

Pour obtenir le denier qu’il espère,

À votre porte il vient en suppliant :

De ses haillons réparez la misère ;

Faîtes l’aumône au pauvre mendiant.

 

Il n’a pour lit qu’un peu de paille humide,

Où, vainement, il cherche le sommeil,

C’est là qu’il couche, ayant l’estomac vide,

Et, pour manger, attend votre réveil.

Voyez, voyez ce vieillard qui se traîne,

Le dos voûté, le regard suppliant,

Que lui faut-il ? Du bois, un peu de laine...

Faites l’aumône au pauvre mendiant.

 

Eh bien, cet homme, usé par la souffrance,

Ce paria, sans asile et sans pain,

Qui, chaque jour, poussé par l’indigence,

Mourant de froid, vient vous tendre la main,

Ce pauvre, enfin, riches, c’est votre frère !

Donnez-lui place au foyer pétillant.

Il va mourir sur l’angle d’une pierre ;

Faites l’aumône au pauvre mendiant.

 

Lorsque, le soir, vos femmes, dans nos fêtes,

Par leur beauté plaisent à tous les yeux, 

Que l’or, les fleurs scintillant sur leurs têtes,

Les font briller d’un éclat radieux,

Songez, alors, que, sans nuire à leurs charmes,

De leur parure une pierre, un brillant

Consolerait une famille en larmes ;

Faites l’aumône au pauvre mendiant !

 

Soyez humain. C’est Dieu qui vous l’ordonne.

Jouir de tout, tel est votre destin.

Croyez-le bien, heureux celui qui donne

L’obole au pauvre, un père à l’orphelin.

N’hésitez plus : il fait froid ; le temps presse,

Le malheureux vous aborde en priant ;

Il vous implore. Ah ! voyez sa détresse ;

Faites l’aumône au pauvre mendiant !

 

 

 

ROBERT-VICTOR.

 

Paru dans La Tribune lyrique populaire en 1860.

 

 

 

 

 

 

 

 

 

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