Le triomphe de la croix

 

 

La lance de feu ne défend plus la porte de l’Éden, à laquelle (ô prodige !) est donné pour gardien le bois de la croix. L’aiguillon de la mort a péri, et aussi la victoire de l’enfer. Car te voici, mon Sauveur, appelant ceux qui étaient mis dans l’Enfer et leur criant : « Entrez de nouveau dans le Paradis. »

 

Toi, rançon de tant d’êtres, Christ notre Dieu, tu fus cloué sur la croix pour notre rachat ; par ton précieux sang (telle est ta clémence !) tu arrachas à la mort nos âmes et du même coup nous transportas de nouveau dans le Paradis.

 

Le ciel et la terre s’unissent, et non sans juste raison, pour féliciter Adam, car il a été appelé de nouveau dans le Paradis.

 

Trois croix a fait dresser Pilate sur le mont Golgotha : deux pour les larrons, une pour Celui qui donne la vie. Celle-ci, le Maître de l’Enfer l’a vue et il a dit à ses subordonnés : « Ô mes ministres, ô mes puissances, qui m’a planté ce clou dans le cœur ? Cette lance de bois me pénètre et me voici transpercé ; je suis crucifié par dedans, je souffre dans mon ventre et dans tous mes membres, j’étouffe, je sens mon esprit bouillir en moi et je suis forcé par nécessité de vomir Adam et la race d’Adam. Ceux que le bois m’avait donnés, voici que le bois les ramène de nouveau dans le Paradis. »

 

 

ROMANOS LE MÉLODE, Cantique, VIe ou VIIe siècle.

 

Traduit du latin par P. H. Michel.

 

 

 

 

 

 

 

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