Avent

 

EXTRAIT

 

 

Venez, Seigneur Jésus, venez, je vous invite ;

Je suis resté debout tout le jour sur le seuil ;

Je regardais au loin, car vous passez si vite

Que vous semblez vous dérober à mon accueil.

 

Je regardais au loin ; et maintenant je n’ose

Rentrer en ma demeure, et pourtant il fait nuit ;

Seigneur Jésus, si vous trouviez ma porte close,

Au lieu de m’appeler, vous partiriez sans bruit.

 

Je le sais que je suis indigne et misérable

Et que mon long passé fut une trahison ;

Mais, mon Sauveur, vous êtes né dans une étable,

Alors vous pouvez bien venir dans ma maison.

 

J’ai nettoyé les murs de toutes leurs souillures

Et puis j’ai balayé le sol à deux genoux ;

J’ai transporté bien loin les poussières impures ;

Seigneur, en le faisant, je travaillais pour vous.

 

Peut-être faudrait-il que j’orne ma demeure,

Que j’étende un tapis précieux sous vos pas,

Qu’au lieu de vous attendre inactif d’heure en heure,

Je me hâte de préparer votre repas...

 

Mais je suis triste et seul dans une maison vide,

Et vous savez que je n’ai rien à vous offrir,

Que j’attends, les yeux secs, le cœur froid, l’âme aride,

Vous le savez, Seigneur, et vous allez venir !

 

 

 

Louis RUY, Prélude mystique,

Bloud et Gay, 1941.

 

Recueilli dans Noël en poésie,

présenté par Claude Garda.

Gallimard, 1983.

 

 

 

 

 

 

 

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