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dû à un pauvre

 

 

Mets ta nappe de lin sur la table agrandie,

            Verse dans les cristaux

Des vins fumants faits de raisins orientaux,

Orne de citrons verts, de pommes, de gâteaux

            Les vaisselles polies.

 

Répands les fruits du parc et les fleurs de la plaine

            En couronnes d’azur,

Tords le feuillage d’or le long du calme mur,

Inonde l’air d’odeurs, et que d’un parfum pur

            L’atmosphère soit pleine !

 

Commande aux serviteurs afin qu’ils te rapportent

            Tous les vins du cellier,

Sors les sacs de la grange et détruis le hallier,

Dénude-toi, soustrais la grappe à l’espalier !

            Un pauvre est à la porte !

 

Or tout vrai pauvre a droit à la plus belle place,

            Il est l’hôte divin,

Il est l’expiateur qui va par le chemin

Lourd de tes maux dont il rend le fardeau vain

            Et qu’il porte à ta place.

 

 

 

SAINT-GEORGES DE BOUHÉLIER,

La Romance de l'homme, 1912.

 

 

 

 

 

 

 

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