Le berger Balthazar

 

(Souvenir de l’Arlésienne.)

 

 

Le vieux pâtre, debout, rêve, silencieux,

En face des grands pics aux blanchissantes cimes ;

Son oreille se berce aux échos des abîmes ;

Vagues rumeurs, bruit d’eau, cri d’aigle audacieux.

 

Son œil a mesuré l’horizon spacieux ;

Des étoiles lui font des sourires intimes ;

Du grand Berger, là-haut, guidant leurs feux sublimes,

Il évoque le Nom, aux vastes champs des Cieux.

 

Sur ses troupeaux épars, de l’aube à la nuit blême,

Il veille, partageant avec eux son pain bis,

Couvrant l’agneau frileux de ses pauvres habits ;

 

Son cœur, jadis, connut l’amour, troublant poème ;

D’une fumée il suit au loin l’essor discret :

Un chaume, en la vallée, a gardé son secret !...

 

 

Hélène SIMÉON.

 

Paru dans L’Année poétique en 1906.

 

 

 

 

 

 

 

 

 

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