Dialogue de l’âme tentée

 

 

– Si, brûlés ta gorge et tes yeux,

Tu marches dans la dune hostile,

Et qu’en ton sang la mort s’installe

Par le baiser blanc des grands cieux,

 

Que t’importe, pourvu qu’abonde

Un peu d’eau du sable qui fond,

La charogne qui traîne au fond

De la flaque nauséabonde ?

 

Il n’est pas en toi de choisir,

Amour pur ou coupable fièvre,

Le désir qui mouille ta lèvre

Et qui te sauve de mourir.

 

– Quand la soif mord une âme aride,

Ainsi s’en approche Satan,

Et lui dira-t-elle : Va-t’en !

Si le ciel alentour est vide ?

 

Venez, et donnez-lui, mon Dieu,

Le dégoût des mares croupies

Où s’empoisonnent sous le feu

Les caravanes accroupies !

 

 

 

Pierre-Henri SIMON, Les regrets et les jours,

Éditions du Seuil.

 

 

 

 

 

 

 

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