Mon hommage à Lamartine

 

 

Lamartine, des bardes grand apôtre indiscutable,

Remplaça la convention par la nature si pure :

Jusqu’à lui, nymphes et faunes furent règle immuable ;

De mythologie sa lyre ne se défigure.

 

Il dit : « La poésie est sentiment et sensation,

C’est esprit et matière, c’est une langue complète ;

Pour l’esprit idée, image pour l’imagination,

Pour l’âme sentiment, de musique une vraie fête. »

 

Son grand chef-d’œuvre « presque malgré lui fut publié,

Et le monde entier entendit une âme sans la voir ;

Il vit un homme tendre au lieu d’un livre relié,

Il eut des soupirs pour échos, des larmes, de l’espoir. »

 

Il se tut pendant huit ans : « Pourquoi donc ne plus chanter ?

Le cœur n’est pas une lyre prête et chantant toujours,

Qui ne se détend pas; et que le doigt peut bien tenter. »

L’hiver, les rossignols ne chantent pas leurs doux amours.

 

« Nul ne peut faire beaucoup de vers ou en supporter,

Nous saisissant en même temps par l’âme et par les sens ;

Ils lassent, comme une joie, en excès, semble avorter ;

Vite à l’idéal ils nous font rendre tout notre encens. »

 

« La poésie future ne sera point épique,

L’homme a trop vécu pour s’amuser d’ennuyeux récits ;

Ni dramatique; car la vraie vie est romantique.

Le vrai sera chanté, et les cœurs des hommes traduits. »

 

« La poésie plane très haut sur la société,

De ses œuvres montrant à l’homme la vulgarité,

Et puis l’enivre d’utopies jusqu’à satiété,

Soufflant à son cœur le courage, et son but est gagné.

 

« Bientôt dans la vie poétique je rentrerai,

Un monde de poèmes se déroule dans ma tête,

Je n’attends rien de l’insipide vie où je serai,

Jouet des maux et des pertes, la mort est une fête.

 

Si mes vers ont calmé plus d’une peine un court moment,

L’enthousiasme est né, des larmes à ma voix sont tombées ;

Des soupirs sont rendus à mes soupirs, sait-on comment ?

« Par un nom embaumé mes tristesses sont consolées. »

 

Grand poète, musicien, orateur et historien,

Toi, seul poète qui parvins à gouverner les corps,

Tu tenais les esprits enchaînés par maint charmant lien,

Doux esclavage volontaire inconnu jusqu’alors.

 

Adieu, cher Lamartine, que de moments trop heureux

J’ai passé sous le grand charme de tes vers enchanteurs :

S’il faut te payer ma dette, alors je suis bien peureux

De la banqueroute morale d’avoir les malheurs.

 

 

 

Sir Tollemache SINCLAIR.

 

 

 

 

 

 

 

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