Les larmes des lis

 

                                           À Marie-Louise.

 

 

Sous les rayons de l’aurore,

J’errais, le front soucieux.

De grands lis venaient d’éclore

Dans le jardin radieux.

 

Plus blancs qu’une blanche étole,

Symbole de chasteté,

Ils avaient une auréole

De candeur et de beauté.

 

Jamais plus douce allégresse

N’émana d’un ciel plus pur ;

Pour eux, tout était caresse :

Le jour, la brise et l’azur !

 

Cependant, leur front de neige

Vers le sol s’était penché.

Je songeais : Dieu les protège,

Car ils n’ont jamais péché !

 

Mais alors je vis des larmes

Qui tremblaient à leurs pistils,

Et je me dis, plein d’alarmes :

Pourquoi les lis pleurent-ils ?...

 

 

 

Camille SOUBISE.

 

Paru dans L’Année des poètes en 1893.

 

 

 

 

 

 

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