La maison de ma mère

 

 

Oh ! ma maison chérie, oh ! mon toit solitaire,

Indifférents à tous les heureux de la terre,

Toujours, toujours vers vous se reporte mon cœur ;

C’est que vous protégez une sainte richesse

De joie et de plaisirs, des trésors de tendresse ;

            Ma mère y garde mon bonheur.

 

Ma mère, entendez-vous, ma mère, noble femme,

Qui ne vit que par moi, qui garantit mon âme

Du mal, en m’entourant de son touchant amour,

Ma mère que le Ciel fit si douce, et si tendre

Que je voudrais toujours et la voir, et l’entendre,

Et dont j’aime encor mieux le regard que le jour.

 

Merci, mon Dieu, merci, car une âme semblable

Est un reflet d’en haut, un reflet ineffable,

Rayon tombé du ciel, pour éclairer ta loi.

Une mère toujours est sainte sur la terre ;

Mais pas une, ô mon Dieu, ne l’est tant que ma mère,

Ma mère d’où me vient l’existence et la foi.

 

Ah ! laisse-moi toujours ma modeste demeure,

Mon jardin embaumé d’où s’envole chaque heure

Libre du poids cruel que donne les remords ;

Laisse-moi vivre ainsi sans fortune et sans gloire,

Loin du monde ébloui d’un bonheur illusoire,

Et vers toi chaque jour voleront mes accords ;

 

Et laisse-moi surtout, pour enchanter ma route,

Pour me sauver toujours du chagrin et du doute,

Ma mère, mon bonheur, mon doux ange gardien ;

Ou bien, si de ses jours l’éclat se décolore,

Dans un élan commun, ô mon Dieu, je t’implore,

            Prends son cœur et le mien.

 

 

 

Louisa STAPPAERTS,

Œuvres poétiques, 1858.

 

 

 

 

 

 

 

 

 

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