Préface de « Aurore et Couchant »

 

 

J’ai rassemblé ma gerbe et voici la soirée.

 

Par l’agreste parfum si peut-être attirée,

Un jour, une âme blanche, en rêvant, à l’écart,

À ces vers ignorés accordant un regard,

Sent quelquefois des pleurs monter à sa paupière,

Et sur sa lèvre émue une tendre prière ;

Si quelque autre surtout, en proie au noir souci,

À l’angoisse, au remords – qui sait ? – ouvrant ce livre,

Voit son espoir renaître et son mal adouci,

Et se dit : Dieu pardonne et sa main nous délivre,

Le crime dans les pleurs peut se laver aussi !

Si du Père implorant la pitié généreuse,

Elle reprend courage et se ranime un peu ;

Ici-bas ou là-haut, je serai trop heureuse !

Une étincelle peut allumer un grand feu :

Va donc, mon petit livre, à la garde de Dieu !

 

 

 

Mme A. STRUMAN-PICARD.

 

Paru dans L’Année des poètes en 1896.

 

 

 

 

 

 

 

 

 

www.biblisem.net