Tableau de sainte Anne à Romay

 

 

Sainte Anne institutrice est assise : Marie,

Blonde et rose, aux yeux bleus, céleste enfant chérie,

À genoux, suit le doigt maternel sur l’écrit

Déroulé, dont l’hébreu s’infiltre en son esprit.

La mère, tendrement grave, esquisse un sourire,

Son visage en la coiffe, au blanc éteint, respire

Un aristocratique air de sérénité,

Un grand charme attirant de l’ancienne beauté,

Le recueillement fier de sa très haute race.

En des tons indécis empreints d’austère grâce,

Cendre de rose, jaune ambre, ses vêtements

L’enveloppent, discrets, de souples froissements ;

Et l’or de la courroie attache ses sandales :

L’or, terrestre éclat vain, bon pour ramper aux dalles.

 

L’enfant, charmante et frêle, a son exquis maintien,

Ses cheveux de clarté qu’un ruban rose tient

Bouclés au front, tournés en chignon de Romaine,

Sa robe diaphane et blanche où se ramène

Son manteau de velours bleu qui traîne ses plis,

Sa figure suave ainsi qu’un jeune lis,

L’ineffable candeur, les délices du monde,

Et les rayons du Ciel sous sa paupière blonde.

 

 

 

Marie SUTTIN.

 

Paru dans L’Année des poètes en 1897.

 

 

 

 

 

 

 

 

 

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