Dieu

 

 

 

Il n’est pas de Dieu !... Luttant contre mille maux, en proie à mille tourments, l’homme tombe et roule dans l’abîme du néant ; le temps muet, se balançant dans les airs d’une aile incertaine, s’envole au-delà d’un large et profond tombeau. Il n’est pas de Dieu ! – La voix lamentable du désespoir, perçant les caveaux souterrains, pousse ce cri funèbre qui va se répéter sous la voûte du temple de la nature.

 

Il est un Dieu !... Déjà les nuages se sont dispersés à l’aspect de ce soleil radieux ; un grand jour de vie, un jour de résurrection s’est répandu dans ces lieux où régnait la nuit avec toute son horreur, la nuit escortée des génies de la mort. Ô homme, renonce à cette croyance et vois ce que tu ôtes à la plus noble partie de ton être. Tu prives la raison même de son flambeau. Il est un Dieu, puisqu’il est une vertu.

 

La vertu est pour nous un guide sûr là où nous égarent les subtilités d’une vaine philosophie ; elle nous conduit à travers ce labyrinthe, où mille détours trompeurs se croisent et embarrassent nos pas ; elle atteste l’existence de Dieu, malgré tous les maux de la terre, dont la foule ne sert qu’à relever la pompe de sa marche triomphale. La félicité et la sainteté sont deux flammes sorties d’un même foyer ; elles montent à travers l’espace du temps, s’inclinent éternellement dans l’infini, et s’y confondent dans un esprit unique. Cet esprit, c’est Dieu, ce ne peut être que Dieu. Aucun être fini ne peut s’élever à cette hauteur. La félicité parfaite, la vie spirituelle la plus pure ne constituent en elles-mêmes et par elles-mêmes, qu’une seule chose ; et elles ne se trouvent réunies qu’en Dieu seul.

 

Serait-elle une chimère, serait-elle un songe, cette idée que j’embrasse avec tant de chaleur, qui se dévoile aux regards de l’esprit avec cette clarté douteuse, qui pénètre si profondément dans mon âme et remplit avec tant de pureté ce que j’ai de plus pur en moi, l’intelligence ?

 

Non : cet univers n’est qu’une masse énorme de matière, derrière laquelle se cache un monde, le monde des esprits. Ce monde spirituel, c’est l’âme sublime, la pensée du grand Tout, où respirent partout Dieu et une céleste intelligence. Tout ce qui est divin appartient à cette grande âme, qui se manifeste à la secrète inspiration du pressentiment. Tu ne peux te soustraire à ce pressentiment ; ton doute même te révèle une trace légère de cette âme universelle ; par la voix de la nature elle parle à la foi, et la foi parle d’elle à la nature.

 

 

 

Christophe-Auguste TIEDGE.

 

Traduction anonyme.

 

Paru dans Leçons de littérature allemande,

Jules Le Fèvre-Deumier.

 

 

 

 

 

 

 

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