Laudes

 

 

Quatre heures. C’est le jour. Déjà le ciel s’allume

Le chaud rutilement d’une indécise brume

Mêle ses reflets d’or aux paillettes des eaux.

Un bruit d’ailes, discret, s’échappe des roseaux.

Loriots et pinsons battent des trilles prestes,

Fuguant le contrepoint des préludes agrestes.

Comme la symphonie épreinte d’un baiser

Répand une saveur qui ne peut s’épuiser,

La brise harmonieuse a des parfums sonores.

Le bosquet plein de vols, fleurit par tous les pores.

La mésange franchit la gamme des couleurs,

En pillant la rosée au sein prude des fleurs.

Des cris montent dans l’air. La plaine est embaumée.

Son arome, subtil comme une chose aimée,

Fleure ce qu’il atteint de son philtre enchanteur.

Les nids ont pour prier tout leur monde chanteur,

Pour encens les sapins, les fougères, la menthe.

Il n’est pas dans les bois une oraison qui mente,

Et l’aube peut monter, dans cette ascension,

Où l’aube rajeunie entre en procession ;

Car toutes les beautés se fondent en prière,

Quand les brumes d’aurore éclatent de lumière.

Pennes et floraisons exaltent vers les cieux

L’hosanna de la terre élevé jusqu’à Dieu !

 

 

 

Jules TREMBLAY.

 

Quinze ans de poésie française à travers le monde,

Anthologie internationale,

textes rassemblés par J. L. L. d’Arthey,

France Universelle, 1927.

 

 

 

 

 

 

 

 

 

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