Sur une tombe
Le vent se fait plus calme, et l’érable nuance
La pourpre et l’or, bien doucement, sur les tombeaux,
C’est l’heure de la paix, c’est l’heure du silence
Où l’extase des nuits rallume ses flambeaux.
Le sentier se repose, et la branche est muette ;
Le bruit du jour s’éteint et le rayon s’enfuit ;
On ne voit déjà plus que les Croix en vedette,
Et dans l’ombre montante une espérance luit.
Vous qui venez ici, priez sans une larme,
Sans donner de regret aux débris du cercueil ;
L’amour a plus de foi qu’il n’a connu d’alarmes,
Et le Ciel ne veut pas de prières en deuil.
C’est dans la joie et dans l’espoir que la prière
Doit conduire les morts à la Gloire sans fin ;
S’ils ont tout pardonné quand vint l’heure dernière,
Pour les atteindre il faut l’âme d’un séraphin.
Dieu, qui mesure au cœur la sereine souffrance,
En fermant les tombeaux n’a pas fermé les cieux ;
Car la mort est la Vie, et c’est la délivrance.
Oh ! n’oubliez jamais les morts, priez pour eux.
Jules TREMBLAY.
Recueilli dans Les soirées de l’École littéraire de Montréal, 1925.