L’enfant mort
L’enfant, en son berceau blanc, dort,
L’enfant frêle aux longs cheveux d’or,
Et près de lui brode la mère…
Mais voici qu’un ange descend
Tout-à-coup du ciel et le prend,
Et que pleure et pleure la mère.
Ayant pleuré longtemps, longtemps,
Ses cheveux devenus tout blancs,
Voici que part la triste mère.
Elle part, un bâton en main,
Le long du sombre et long chemin
Qui mène au ciel bleu, pauvre mère !
Et tout-à-coup, le chemin dur
Devient un sentier clair et pur,
Où chemine, en sanglots, la mère.
Et voici qu’un palais vermeil
Dont les portes sont le soleil
S’ouvre devant ses pas de mère.
Et dans sa gloire apparaît Dieu
Drapé d’un manteau lumineux,
Disant : « Que demande la mère ? » –
– L’enfant !… l’enfant !.…. à deux genoux,
Je vous supplie, ô Seigneur doux !
Oh ! rendez l’enfant à la mère ! » –
Et Dieu dit : « Ton enfant est fleur,
Fleur de clémence et de douceur ;
Tu veux la cueillir, pauvre mère. »
Mais la mère le vit si beau,
Lys nuptial si bien éclos
Qu’elle s’en revint sur la terre. »
Léon TRICOT.
Paru dans La Flandre littéraire, artistique et mondaine en 1897.