Encore tes lettres

 

 

CE soir en les baisant j’ai voulu les relire

Ces pages qu’à ta main dicta ton noble cœur,

Ce livre où sont venus pleurer plutôt qu’écrire,

L’âme douce vaincue, et l’amour, doux vainqueur.

 

Dis-moi, qui t’enseigna ces accents ? qui t’inspire

Ce poème infini d’adorables douceurs ?

Oh ! comme en les lisant j’aurais voulu te dire,

Te crier dans la nuit : Ô ma sœur, ô ma sœur !

 

Ô ma sœur, c’est donc vrai que l’amour invincible,

Choisissant nos deux cœurs comme une douce cible,

Nous a percés du trait douloureux et sacré ;

 

Et que l’Ange témoin des invisibles flammes,

Pourra dire au Seigneur en présentant nos âmes :

« Pardonnez-leur beaucoup, ils ont beaucoup pleuré ! »

 

 

 

Émile TROLLIET.

 

Paru dans La Sylphide en 1897.

 

 

 

 

 

 

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