Oraison... aux feuilles mortes

 

 

Ô défeuillaison des arbres verts, hier,

Aile du Regret, poème à mille feuilles,

Élégie éparse en le sol, en l’éther,

Qu’épelle Septembre et que, Muse, tu cueilles,

 

Ombre qui s’envole, améthyste, or mouvants,

Aurore effeuillée, ou pastel que l’Automne,

De sa pâle main et, de par les grands vents,

Ébauche en les bois et, dans les airs, crayonne,

 

Valse du Silence, arpégeant son devoir

De baiser le front de la Terre fanée

Et le crépuscule et le morose soir,

Rêvant tout le jour à la fin de l’année,

 

Splendeur qui s’éteint, reste ailé de l’été,

Semence de ciel, d’espaces, d’interstices,

Qui nous font mieux voir rêver l’immensité,

L’ombre de l’Automne aux sourcilleux solstices,

 

Camarde des bois, essaimant l’Au-Delà,

L’adieu, le mystère, errante parabole,

Du Rêve chrétien, funéraire gala :

Néant qui se meut, éternité qui vole...

 

Lorsque j’aperçois tes gestes diaprés,

Que festonne en l’air ton irréelle flamme,

Que j’erre en les bois, de tes blonds deuils, parés,

Ton âme qui plane en la mienne se pâme !

 

 

Automne 1924

 

 

 

Emma VAILLANCOURT, De l’aube au couchant, 1950.

 

 

 

 

 

 

 

 

 

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