Le saint de pierre

 

 

Au fond du grand jardin plein d’ombre et de silence

Où des arbres touffus, aux feuillages divers,

Croissent en liberté sous le vent qui balance

Comme un large éventail leurs souples rameaux verts,

Immobile et muette en sa robe de pierre,

Par le temps mutilée et de gauche dessin,

Chaque jour un peu plus s’effritant en poussière,

Se dresse, droite et grise, une image de saint...

J’aime ce saint pensif, penché sur l’Évangile ;

Je trouve qu’on l’a mis bien à sa place ici,

Au-dessus de ce banc, fait de mousse et d’argile,

Placé pour le repos et pour le rêve aussi ;

Il prête à cette allée une grâce mystique

Et je crois que parfois son doigt mystérieux,

S’animant tout à coup, dans la nuit fantastique,

À quelque âme inquiète a dû montrer les cieux !...

 

 

 

Marie de VALANDRÉ.

 

Paru dans L’Année des poètes en 1895.

 

 

 

 

 

 

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