Le chien mort

 

 

Petits faits que nul ne retient,

petite vie comblée d’usure,

voici rouverte la blessure

bien que la mort n’ait pris qu’un chien.

 

Jamais homme n’est mort plus calme

et mourrai-je ainsi, moi, son maître ?

L’amour ne m’apprit pas à mieux connaître

la mort ; mon chien l’apprit qui me regarde

 

sans rien comprendre à sa misère

et meurt, croyant que c’est ma volonté,

triste seulement pour la peine imméritée

que je lui infligeai, moi, son seul dieu sur terre.

 

 

 

Luc VAN BRABANT, Cœur de dynamite.

 

Recueilli dans Anthologie de la poésie néerlandaise

de Belgique (1830-1966),

choix de textes et traduction par Maurice Carême,

Aubier-Montaigne, 1967.

 

 

 

 

 

 

 

 

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