Couds-moi des ailes

 

 

Quand, sur mon front, dès le matin,

Petite mère, tu te penches,

Tu m’appelles ton chérubin !

Pourquoi !... Je n’ai point d’ailes blanches.

J’ai bien un collier de cristal

Comme l’ange de la chapelle ;

Mais, à ma robe de dentelle

On oublia... le principal !...

 

Vois la fauvette et le pinson !...

Sur leurs parures floconneuses

Leur mère a mis avec raison

Deux petites ailes soyeuses !

Au moins ils peuvent s’envoler,

Et dans les branches du mélèze

Chanter, sauter tout à leur aise !

Ah ! que je voudrais y voler !

Je voudrais bien, dans le ciel bleu,

Avec la brise douce, agile,

Prendre mon vol, planer un peu,

Et glisser dans l’azur tranquille !...

Sur les monts qu’on voit resplendir,

J’irais voir se lever l’aurore !...

Le soir, je saluerais encore

Le soleil, quand il va dormir !

 

Tu dis tout bas que je suis sœur

Des anges, aux ailes de gaze,

Qui, nuit et jour, près du Seigneur,

Sont en prière, en douce extase !

Mais, quand sonnera mon trépas,

Et qu’au ciel j’entrerai bien vite,

Sans un bout d’aile qui palpite,

Ils ne me reconnaîtront pas !...

Au pays des anges divins,

Avec l’essaim des hirondelles,

Je veux aller, tous les matins,

Dire bonjour aux Chérubins !

      Mère ! couds-moi des ailes !...

 

 

Marie VERNET.

 

 

 

 

 

 

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