Charité

 

 

À votre élan de cœur mon âme se rallie,

Ami, vous avez fait une noble action,

Vous venez de sauver une perle : Marie,

Qui pouvait succomber à la tentation.

Quand elle vint à vous l’air modeste et timide,

Vous dire que sa mère était à l’hôpital,

À la Salpêtrière, insensée, invalide,

Et qu’elle, pauvre fille, avait beaucoup de mal,

Pour élever sa fille à cinq mois allaitée,

Vous lui dites : « Enfant, tendez ce tablier. »

Et puis, dans une feuille au tilleul empruntée,

Vous glissâtes de l’or comme dans du papier.

Lorsque la pauvre enfant eut reçu votre offrande,

Les larmes de son âme inondèrent ses yeux ;

Puis elle s’écria : « Merci ! ma joie est grande ;

» Oh ! béni soit votre or ; par vous il vient des cieux :

» Il sauvera ma mère et me rendra ma fille. »

. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .

– Ainsi l’honnête enfant, de son petit trésor

À fait deux saintes parts, et, diamant qui brille,

Son cœur chaste est plus pur et plus vermeil que l’or.

 

Répandez à grands flots, ami, cette rosée ;

À la femme qui tombe offrez la noble main

Qui, de pleurs généreux encor tout arrosée,

Relève le malheur qui succombe en chemin.

 

 

 

Théodore VÉRON, Les mélodies, 1870.

 

 

 

 

 

 

 

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