Espérance

 

(D’après Éliphas Lévi.)

 

 

Des rêves d’une vie obscure et tourmentée,

Nous nous réveillerons un jour, et deviendrons

Forts contre la douleur si longtemps indomptée,

Et dans l’éternité nous nous retremperons.

 

Et nous vivrons en Dieu, baignés dans sa pensée,

Plus loin de la matière et plus près de l’amour ;

Comme un aérostat, notre âme balancée

Brillera dans l’éther, en respirant le jour.

 

Rapide, elle pourra, comme l’onde électrique,

Parcourir à son gré l’insondable infini,

Humble pourtant, malgré l’auréole angélique

Dont l’éclat désormais ne sera plus terni.

 

Nous serons les aînés d’une race nouvelle,

Esprits purs, anges saints des hommes à venir ;

Chaque étoile sera notre blanche nacelle,

Les mondes habités prieront pour nous bénir.

 

Doux messagers de Dieu, nous verrons sa lumière,

Et serons les élus de ses humanités ;

Touchantes visions de la splendeur première,

Nous verserons l’amour dans les cœurs irrités.

 

Nous cueillerons les lis des célestes prairies,

Et nous en secouerons la rosée aux lieux bas ;

Les fleurs lentes du bien, que l’ombre avait flétries,

Pour charmer les mortels renaîtront sous nos pas.

 

De l’enfant qui s’endort nous clorons la paupière,

Et nous le bercerons dans des rêves divins ;

Nous réaliserons l’idéal de sa mère :

L’éclair qui brille aux cieux se reflète aux ravins.

 

Du haut des tourbillons des mondes planétaires,

Nous répandrons sur eux des fleurs de vérité,

Et, collaborateurs des suaves mystères,

Nous en exprimerons l’auguste charité.

 

 

 

A.-M. VERRIEUX.

 

Paru dans L’Année des poètes en 1894.

 

 

 

 

 

 

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