Sainte Cécile

 

 

C’était une dame romaine,

Une dame d’un très haut rang,

Qui jadis pour la foi chrétienne

        Donna son sang.

 

De Dieu célébrant les louanges,

Nuit et jour elle aimait chanter,

Et du ciel descendaient les anges

        Pour l’écouter.

 

Elle disait l’hymne suprême

Quand on vint la faire mourir ;

Le bourreau s’étonna lui-même

        De s’attendrir.

 

Sur sa tête il suspend le glaive

De ses mains prêt à s’échapper,

Il attend que l’hymne s’achève

        Pour la frapper.

 

Et la tête mal abattue,

Sans tomber s’incline en tremblant ;

Tel qu’on le voit dans sa statue

        De marbre blanc.

 

Dans les douleurs elle succombe,

Ses plaintes sont des chants encor.

Avec elle on mit dans sa tombe

        Sa robe d’or.

 

Plus tard on trouva sa dépouille ;

À l’église elle est dans le chœur,

Et devant elle on s’agenouille,

        Priant du cœur.

 

Au voyageur on montre, à Rome,

Les saints débris de sa maison,

Dans la riche église qu’on nomme

        De son doux nom ;

 

Et tous les ans dans cette enceinte,

Quand vient la saison des hivers,

On va célébrer cette sainte

        Par des concerts.

 

Tous les arts lui rendent hommage ;

On lui donne des traits touchants ;

Raphaël a peint son image

        D’après ses chants.

 

Une auréole est sa couronne,

Un luth est sous ses doigts sacrés,

Sainte Cécile est la patronne

        Des inspirés.

 

Vierge, symbole d’harmonie,

Elle dicte les vers pieux,

Et sa voix répond au génie

        Du haut des cieux.

 

 

 

Delphine GAY.

 

Recueilli dans Poètes de Jésus-Christ,

poésies rassemblées par André Mabille de Poncheville,

Bruges, Librairie de l’Œuvre Saint-Charles, 1937.

 

 

 

 

 

 

 

 

 

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