Les dons de Noël

 

LÉGENDE

 

 

 

 

 

 

par

 

 

 

 

 

 

Augustine GIRAULT

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

L’espérance au front radieux, à la voix suave, aux paroles flatteuses, était descendue du ciel avec les derniers rayons du pâle soleil de décembre. La froidure glaçait la terre, et tous les petits enfants, ignorants du passé, insoucieux du présent, s’endormaient lentement, songeant pour la première fois au lendemain, bercés par la céleste enchanteresse qui leur disait ce doux refrain :

« Dormez, petits enfants ; dormez ! et que les songes légers charment votre sommeil ! Voici venir le petit Noël, votre divin frère, qui va déposer près de l’âtre de nombreux dons ou de modestes présents, selon que vous aurez été plus ou moins sages durant l’année qui s’enfuit.

« Dormez, charmants trésors, dormez jusqu’au point du jour, et que les songes légers charment votre sommeil ! »

Et les gracieux anges de la terre, bercés par l’espérance, avaient clos leurs paupières.

Alors Noël, le divin Enfant, se pencha sur leur couche bénie, et dit à l’enfant du riche qui avait été pieux et doux :

« Demain, à ton réveil, de fastueux présents, qu’on te dira venir de moi, seront ton partage. Demain, les bonbons exquis, les jouets dorés, les vêtements chauds et soyeux seront placés par la tendresse maternelle près du foyer brûlant, et leur vue remplira ton cœur d’une joie enfantine. Demain, tu seras riche de dons superflus, et le fils du pauvre cherchera vainement près de l’âtre glacé, un souvenir de Noël, et il dira en soupirant : « Noël m’oublie, et cependant je ne suis pas méchant... »

« Enfant, si tu veux être aimé de mon Père, partage avec ton frère pauvre les dons de Noël ; donne-lui les vêtements qui réchaufferont ses membres engourdis par le froid ; donnez-lui le beau pain blanc qui apaisera sa faim, et qui sera pour lui un mets succulent ; car il n’a jamais approché de ses lèvres que le pain noir de l’indigence.

« Songe que jouir seul est un malheur, et que partager ce que l’on possède est une des joies du ciel. »

Ensuite le divin Enfant se pencha vers la couche misérable et dure du fils du pauvre, et lui dit :

« Dors, enfant, dors, mon frère bien-aimé ! Demain tu t’éveilleras pour sentir encore la misère et la douleur ; demain, tu chercheras vainement autour de toi les présents de Noël. Ta mère est pauvre : elle ne peut te donner, malgré son travail incessant, que son pain noir et sa tendresse... Frère ! prends courage ! Un jour viendra où il y aura une grande joie dans le ciel et où tous les petits enfants recevront les dons de Noël ! »

Le lendemain, le fils du riche fut triste jusqu’à ce qu’il eut partagé les présents de Noël avec le fils du pauvre. Celui-ci, consolé par la douce vision, n’avait pas pleuré au réveil en voyant le foyer vide, et son âme fut remplie d’un bonheur ineffable en recevant de la main de son frère opulent sa part des dons de Noël. Sa pauvre mère répandit, pour la première fois, des larmes sans amertume et, dans sa prière, elle confondit le nom du fils du riche avec celui de son enfant. Et, dans le ciel, les anges chantèrent en chœur :

« Joie, bonheur, immortalité aux enfants des hommes qui s’aiment d’un fraternel amour ! »

 

 

 

Augustine GAËL (pseud. d’Augustine GIRAULT),

Le livre des enfants et des adolescents, 1887.

 

 

 

 

 

 

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